La démarche arts-sciences face au numérique

7ème cycle annuel des journées d’étude PraTIC à GOBELINS, l’école de l’image, Paris

Le jeudi 16 janvier 2014, à Gobelins, l’école de l’image,
en salle de conférence 318 (150 places disponibles)
Accès gratuit sur inscription en ligne obligatoire : http://bit.ly/pratic2014a

PROGRAMME :

Matinée

9H-9h15 : Accueil et présentation de la thématique

9H20-10H00 >> L’artiste en recherche-création : rapports d’influence et de production par Jean-Paul Fourmentraux, sociologue, maître de conférences HDR, Université de Lille et EHESS.
Le numérique bouscule les frontières entre des domaines jusque-là relativement cloisonnés. Qu’est-ce que « créer » dans ce contexte interdisciplinaire entre Arts, Sciences et Technologies (AST) ? Qu’est-ce qui s’hybride entre eux, au point que leurs innovations les fertilisent et les infléchissent en retour ? Des réponses seront apportées à travers des œuvres résultant de recherches-créations et mettant en lumière des modes de production inédits et de nouvelles figures de l’artiste.

10H00-10H50 >> De 9 Evenings, Theatre & Engineering (1966) à aujourd’hui : collaborations artiste/ingénieur dans les arts de la scène par Clarisse Bardiot, maître de conférences à l’Université de Valenciennes, directrice des éditions Subjectile et de Galerie Up.
Evénement majeur dans les relations entre arts du spectacle et technologies, ainsi que pour les nouveaux média, 9 Evenings : Theatre & Engineering (New York, 1966) a fait collaborer 10 artistes (David Tudor, John Cage, Yvonne Rainer, Alex Hay, Deborah Hay, Rober Rauschenberg, Öyvind Fahlström, Steve Paxton, Robert Whitman, Lucinda Childs) et une trentaine d’ingénieurs des Bell Labs. Dans cette lignée marquante, s’inscrivent bien des processus de création actuels du domaine des Digital performances, mixant matériaux et méthodes.

10H50-11H10 : Pause

11H10-11H50 >> Le numérique en arts et sciences : de la diversité de cette alliance par l’exemple par Christian Jacquemin, Université Paris-Sud et laboratoire LIMSI-CNRS.
L’observation des travaux arts et sciences associant l’informatique et les arts visuels, sonores et tactiles interactifs montre la productivité de ce domaine et la variété des configurations : apports scientifiques orientés vers la technologie, scientifiques artistes et artistes scientifiques, œuvres divertissantes plutôt qu’artistiques, appropriation politique de l’image du numérique… Des exemples aideront à clarifier la lecture de ces travaux et permettront de mieux cerner les enjeux de ces dynamiques en expansion.

11H50-12H30 >> L’apport d’une revue internationale : Leonardo et son Observatoire des Arts et des Techno-Sciences par Annick Bureaud, directrice de Leonardo/Olats, critique d’art et commissaire d’exposition indépendante.
Créée en 1968, la revue Leonardo accompagne la création artistique dans le domaine Art, Science, Technologie depuis plus de quarante ans. À travers l’exemple de cette publication et de ses sites web associés, sera proposé un éclairage, rétrospectif et contemporain, dessinant les lignes de force qui traversent les discours et les pratiques propres aux rapports art-science, et ce, plus particulièrement, dans le champ du numérique qui s’est progressivement imposé.

Après-midi

14H00-14H45 >> L’approche design est-elle une passerelle entre Arts et Sciences ? par Alok b. Nandi, Auteur et réalisateur multimédia, Administrateur de la Société Civile des Auteurs Multimédia (SCAM).
L’apport des technologies numériques affecte le Design et ses processus de mises en réseau. Entre les expressions artistiques et les explorations scientifiques, le design peut-il se faire trait d’union entre des postures polarisantes ou polarisées, parce qu’à la fois distinctes et complémentaires ? A quelles conditions peut-on rendre fluides et hybrider ces pratiques en tension, pour stimuler les rencontres Arts et Sciences ?

14H45-15H20 >> Expérimentations créatives autour de l’avatar jouable en Arts et Sciences Humaines et Sociales (SHS) par Étienne Armand Amato, président de l’OMNSH, conseiller technique au numérique (IHEST) et chercheur au laboratoire Paragraphe (CITU), Université Paris 8 (UP8).
Les capacités d’investigation et pratiques propres à l’artiste et au chercheur peuvent aussi profiter aux Sciences Humaines et Sociales. Ici, pour dégager les propriétés du numérique, l’un de ses objets emblématiques – l’avatar des jeux vidéo – a été interrogé grâce à des protocoles expérimentaux et partagés s’appliquant aux « cyberexplorations immersives » de la créatrice numérique Claire Sistach, à son oeuvre Persistance et à l’installation performative Interscreen (Sistach, Amato, Haute).

15H20-15H40 : Pause

15H40- 16H40 >> Une collaboration AST revisitée par ses acteurs : l’installation interactive La funambule virtuelle par Alain Berthoz, neurophysiologiste et professeur honoraire au Collège de France ; Marie-Hélène Tramus, Professeure d’Arts et Technologies de l’Image (ATI), INREV, Labex H2H (UP8) et Michel Bret, Professeur honoraire (ATI/UP8).
Afin d’explorer la notion d’« interactivité intelligente », Tramus et Bret conçoivent à l’orée de l’an 2000 La Funanbule, être virtuel et agent autonome capable d’équilibre et d’apprentissage grâce aux réseaux neuronaux. Lui et le spectateur s’ajustent alors chacun en miroir de l’autre. Une telle « simulation de l’interaction » aux retombées fertiles fut possible à partir de la modélisation du mouvement humain, issue de la physiologie de la perception et de l’action d’Alain Berthoz.

16H40-17h20 >> Favoriser et valoriser les œuvres issues de la démarche arts/sciences par Anne-Cécile Worms, fondatrice de la revue MCD (Magazine des Cultures Digitales) et CEO de Digital Art International qui lance une nouvelle marque en 2014 : ART2M, Art to Machine.
Pour valoriser des œuvres qualifiées d’arts/sciences, il faut à la fois comprendre les conditions de leur réalisation et de leur diffusion, au sein du marché de l’art mais aussi auprès des entreprises et du grand public. Il s’agit ici d’aborder la démarche AST à travers les questions concernant les contextes d’exposition, d’usages et d’applications possibles (musée, entreprises, collectivités, etc.), pour en venir à la création de valeur et à ses enjeux.

17h20 : Mise en débat et bilan de la journée d’étude

Positionnement des journées PraTIC :

Imaginées et mises en place par Étienne Armand Amato et Étienne Perény, chercheurs en communication, les journées d’étude PraTIC (Pratiques des Technologies de l’Information et de la Communication) interrogent depuis 2008 les thématiques sur le front du numérique tout en suivant leurs évolutions de fond. Leur originalité est de croiser les regards d’acteurs issus de l’université, de l’entreprise, de l’industrie, de la formation professionnelle, des médias, de l’art et du design…
Leurs retours d’expériences, analyses et visions, stimulent le débat pour mieux en comprendre les enjeux et conséquences. Elles bénéficient des apports du laboratoire Paragraphe et de l’Université Paris 8, de ceux de l’Observatoire des Mondes Numériques en Sciences Humaines (OMNSH), ainsi que de partenaires thématiques.

Présentation de la thématique :

La rencontre de la rigueur scientifique avec ce qui s’apparente à son opposé, à savoir la liberté artistique, soulève de nombreuses interrogations depuis que leur association s’est affirmée comme indéniablement productive, du fait précisément de leur complémentarité dans un monde où les processus d’exploration et d’expérimentation se décloisonnent. Ainsi, concrètement, les artistes travaillent dans des laboratoires en vue d’interroger les nouveaux paradigmes ou pratiques que la science met au point. Inversement, certains chercheurs ont pris intérêt à aller au-devant d’artistes et créateurs aux capacités imaginatives et prospectives susceptibles d’ouvrir des perspectives inattendues.
Alors que le numérique est aujourd’hui omniprésent dans les discours et dans nos vies, il parait opportun de revenir sur la façon dont le tandem arts/sciences a défriché ou éclairé les propriétés et potentialités de l’informatique et des réseaux. Nous questionnerons ainsi les ambitions et pratiques qui se sont affirmées dans cette nouvelle configuration partenariale, en mesure d’exhiber et de mettre autrement à l’épreuve les ressorts fondamentaux du numérique au profit de la connaissance et de la création.